Sécurité et environnement

Les déchets radioactifs ne passent pas les portiques de détection de Vadec

Il n’est pas exclu que des matières radioactives orphelines se retrouvent dans des déchets ménagers. Jean-Marc Buri, expert en radioprotection pour le contrôle de la présence de matières radioactives chez Vadec, nous explique comment ces matières n'entrent pas chez Vadec.

25.11.2022

Toute matière radioactive doit être sous contrôle à tout moment pour la sécurité des personnes et de l’environnement. Les matières radioactives utilisées en médecine, notamment dans les hôpitaux, dans la recherche et dans l'industrie bénéficient de filières d’élimination spécifiques et n’arrivent pas chez Vadec.

Toutefois, il n’est pas exclu que des matières radioactives orphelines se retrouvent dans des déchets ménagers. Quelles en sont les sources ? Comment sont-elles interceptées ?

Jean-Marc Buri, responsable des processus techniques chez Vadec et expert en radioprotection pour le contrôle de la présence de matières radioactives, nous explique
comment Vadec détecte ce type de déchets à l’entrée de ses usines de valorisation thermique des déchets (UVTD) de Colombier et de La Chaux-de-Fonds.

Comment des substances radioactives peuvent-elles se retrouver dans les déchets ménagers ?

Les traitements ambulatoires en médecine nucléaire (radiothérapie) ou d’injection de produits utilisés en imagerie médicale très poussée (scintigraphie) génèrent des éléments éliminés parfois malencontreusement dans les ordures ménagères, par les patients eux-mêmes. Même si ces déchets ont une durée de vie très courte, de quelques semaines au maximum, il est nécessaire de les repérer et de vérifier leur niveau de rayonnement.

D’autres sources de déchets proviennent de pratiques d’élimination non professionnelles, voire frauduleuses.
Il y a plus de 60 ans, les cadrans luminescents des montres et horloges s’éclairaient par apposition de radium. L’utilisation de cette matière radioactive est interdite en Suisse depuis 1963, mais parfois par manque de connaissance, un certain nombre de pièces très anciennes se retrouvent encore dans les déchets ménagers.
De même, lors de la rénovation de bâtiments, les vieux détecteurs de fumées équipés de pastille radioactive peuvent aussi finir par erreur dans les poubelles.
Pour finir, d’autres sources plus graves sont recherchées comme des objets radioactifs qui auraient été volés et éliminés frauduleusement.


Une obligation légale de détection

L’obligation de contrôler la radioactivité des déchets ménagers avant incinération répond à la directive de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) de novembre 2020 « Contrôle de l'éventuelle présence de radioactivité dans les déchets et les matériaux de recyclage », en application de l'article 104 de l'ordonnance sur la radioprotection (ORaP).
Jean-Marc Buri a d’ailleurs suivi une formation spécifique d’expert en radioactivité auprès de la Suva et a formé une équipe d’intervention chez Vadec pour mettre en œuvre la détection.

Vadec veille

À l’entrée de ses usines, Vadec a mis en service depuis juin 2021 un portique de détection conforme à la directive de l’OFSP. Ce portique mesure le niveau de radioactivité du chargement du camion entrant. Le portique scanne en 10 secondes le camion avançant au pas, à moins de 5 kms/h, entre les deux plaques du portique qui analysent le niveau de rayonnement radioactif et le comparent au seuil légal acceptable.

Des seuils de contrôle

Si le seuil de radioactivité dépasse 0,1 mSv/h (micro-Sievert par heure d’exposition), le portique de détection déclenche une alarme et ferme la barrière d’entrée au camion. L’équipe de Vadec intervient alors immédiatement. Concernant le site de La Chaux-de-Fonds, le camion est escorté jusqu’au Centre logistique régional (CLR) des Bulles pour une investigation poussée. Par élimination, la partie du chargement responsable du niveau radioactif est identifiée avec l’aide d’un appareil portatif. Imaginez chercher une aiguille dans une botte de foin pour certains chargements !
Les éléments découverts sont alors mis en lieu sûr et récupérés par l'OFSP afin d'être éliminés de manière conforme.
À titre comparatif, 0,1 mSv/h correspond à 2.5 fois la radioactivité naturelle qui nous entoure.
Si le lot isolé dépasse la valeur de radioactivité très élevée de 20 mSv/h, soit 200 fois plus que le 1er seuil d’investigation, Vadec contacte directement l’OFSP qui prend le relais. Tout le camion est alors immobilisé et mis sous tutelle sous la responsabilité de l’OFSP.

Pas de quoi s’affoler

Heureusement, les barrières de Vadec ne se ferment que pour quelques camions par an. La radioactivité potentielle des déchets ménagers est donc globalement infime et les cas non conformes rares. De plus, aucune infraction grave n'a été identifiée depuis la mise en service de l'installation.

Directive OFSP : Matières radioactives orphelines

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