Évolution du métier

5 questions à Emmanuel Maître, directeur général de Vadec

Emmanuel Maître nous parle de l’évolution des usines de valorisation thermique des déchets (UVTD) de Vadec. Quel parcours!

15.6.2023

Emmanuel Maître, le directeur général de Vadec SA, s’est prêté au jeu de nos questions sur l’évolution des usines de valorisation thermique des déchets (UVTD) de Vadec.
 
En 50 ans d’histoire de valorisation des déchets de la région, seulement 4 directeurs ont conduit les entreprises Cridor et SAIOD, qui ont ensuite fusionné pour créer Vadec SA en 2008. Emmanuel Maître est le 4ème directeur. Son histoire personnelle de ces 20 dernières années accompagne l’évolution de son entreprise, au service des collectivités publiques de l’Arc jurassien.
 
Emmanuel Maître, un homme proche de la technique avec un œil d'économiste, s’engage auprès des collectivités locales depuis 2002, avec un esprit d’entrepreneur au service de ses clients du service public. Il nous parle de son parcours professionnel et de l’évolution de Vadec.

Qu’est-ce-qui vous a conduit à prendre la direction de Vadec?

« Je suis entré chez Cridor à La Chaux-de-Fonds en 2002. Je n’avais jamais fait plus de 6 ans dans une entreprise auparavant.
Et voilà maintenant plus de 20 ans que je baigne dans le domaine de la gestion des déchets. Le temps a filé ! Après de nombreuses expériences dans la technologie des semi-conducteurs et de la fabrication d'ordinateurs, j’aspirais à une expérience de gestion d’entreprise.
Avec Vadec, j’ai découvert ce domaine au service des collectivités. Ce fut révélateur de sens pour moi pour développer mon activité professionnelle.
 
Vadec SA étant à actionnariat public, nous devons jongler en permanence pour trouver le bon équilibre entre intérêt public et équilibre économique. C’est un beau défi.
J’ai beaucoup d’attachement à servir nos actionnaires représentés par des conseillers communaux qui s'investissent et obtiennent finalement peu de reconnaissance publique pour le temps passé sur les dossiers. »

Quand on parle d’évolution des usines de Vadec, qu’est-ce-que ça évoque en vous ?

« Les usines ont vécu 2 générations techniques par le remplacement des équipements de base tous les 20 à 30 ans. Mes prédécesseurs et moi-même avons contribué à faire évoluer la mission des usines d’incinération des déchets vers une valorisation énergétique et ce, de manière progressive. La valorisation thermique a d’ailleurs été immédiate dans la région de La Chaux-de-Fonds par l’adjonction d’un chauffage à distance (CAD) dès 1972.
 
L’évolution des usines en deux mots ? Ce sont les améliorations continues des installations industrielles et le souci de minimiser les nuisances environnementales.
Toutefois, évitons de tomber dans la critique du passé. En Suisse, on a toujours essayé de faire au mieux. Mais, les « Aux mieux » de 1970 se sont pas les « Aux mieux » de 2023. Les polluants retrouvés dans certains sols 50 ans plus tard en sont un exemple. On a fonctionné avec des connaissances plus limitées qu’aujourd’hui à cette époque-là, mais aujourd'hui encore, on découvre l'effet néfaste de nouvelles substances.
 
En Suisse, on a la chance de pouvoir bénéficier de l’évolution des connaissances, de la technique et de la législation. La collaboration très étroite entre l’association faitière (ASED), l’Office fédéral de l’environnement (OFEN) et des entreprises comme Vadec pousse à une amélioration continue du domaine. On met ensemble la barre toujours plus haute grâce au législatif, mais de façon réaliste, pour promouvoir le progrès. En effet, toute évolution engage des investissements et on fait en sorte que ces investissements soient « digérables », sachant que ce sont nos collectivités locales qui finalement, en payent le prix. Ce « jeu » subtil tripartite fonctionne plutôt bien dans notre pays. »

Quel souvenir d’évolution vous a le plus marqué ?

« J’ai un souvenir marquant de l’introduction de la taxe au sac en 2012.
Il nous a fallu mettre en place toute une organisation. Un vrai travail de fond pour en expliquer l’importance et faire comprendre que c’était un enjeu de société.
Notre rôle d’entreprise publique est en effet, d’encourager à limiter le volume de déchets et de valoriser ce qui reste.
On peut dire que la taxe au sac a été un succès avec une réduction de près de 30% de déchets finissant dans les ordures ménagères. »

Quels sont les défis actuels et futurs de Vadec?

« Le défi de Vadec se trouve au-delà de la « simple » incinération des déchets et de leur traitement en toute sécurité, même si ceci reste une constante préoccupation.
En amont de l’incinération, des opportunités concrètes permettent de développer l’économie circulaire par la réutilisation des objets, la limitation des déchets, leur tri et le recyclage des matières collectées.
Vadec en a bien compris l’importance en agissant sur toutes les étapes de ce qu’on appelle L’Espace Valorisation.
Les prochaines décennies présagent de défis environnementaux très importants. Nous nous engageons à poursuivre et à intensifier les échanges continus et bienveillants avec les collectivités publiques. L’objectif est de les accompagner dans cette transition pour allier au mieux économie et environnement. »

Exemple d’évolution du traitement des mâchefers

« En aval de L’Espace Valorisation, nous œuvrons à minimiser les résidus (cendres volantes et mâchefers) qui résultent de l’incinération et représentent encore 1/5 du poids des déchets incinérés. Dans les années 70, utiliser les mâchefers (résidus très compacts) pour construire les routes se révéla une mauvaise « bonne idée » car générateur de pollution potentielle locale. Depuis plusieurs décennies, les mâchefers partent en décharge spécialisée. Depuis les années 2000, les techniques permettent d'en extraire les métaux ferreux et non ferreux, soit 13% du poids des mâchefers avant leur stockage en décharge.
Aller encore plus loin dans la récupération de matières à partir des mâchefers nécessitera des processus plus lourds et coûteux. »

Si vous aviez un message à vos prédécesseurs à la direction de Vadec, que leur diriez-vous ?

« J’ai gardé un contact amical avec mes prédécesseurs, dont le 1er a désormais 94 ans. J’honore la façon dont ils ont tous travaillé avec le souci de servir les collectivités publiques. Ils ont mis en place l’indispensable activité de valorisation thermique des déchets dès les années 70.
Je les félicite pour l’héritage qu’ils nous ont légué et relève notamment leur engagement sans faille. Je remercie tout particulièrement le directeur qui m'a précédé sur le site de La Chaux-de-Fonds, très engagé, qui m’a passé le témoin de la direction de Cridor en toute bienveillance en 2002. »

Bio d’Emmanuel Maître

  • Originaire des Franches-Montagnes, district du canton du Jura
  • Ingénieur HES en microtechnique
  • Master en génie électronique, avec une spécialisation en semi-conducteur aux US
  • eMBA HEC Lausanne
  • A travaillé pour l’industrie des machines automatiques de fabrication de circuits imprimés et pour l’industrie de fabrication de superordinateurs
  • Est entré chez Cridor en 2002, dont il a pris la direction la même année et a pris la direction générale de Vadec SA en 2013.

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